Palais royal de Solaria, il y a une dizaine d'année -
Aten avait 12, peut-être 13 ans, et déjà un avis très arrêté sur les évènements mondains ; il préférait se faire rouler dessus par tout le réseau ferroviaire magique que d'y aller. Il n'aimait pas les costumes trois-pièces, les amuses-bouches qu'il faut manger un par un proprement, regarder les adultes discuter et, surtout, il n'aimait pas les regards sévères que lui lançaient sa mère et la Présidente du conseil des élus de Leolia.
Il ne pouvait même pas se plaindre qu'elles le regardent de travers ; il s'était assez illustré dans les bêtises et les quasi-incidents diplomatiques pour les avoir amplement mérité. Sa mère remerciait tous les jours le ciel de ne pas être des familles royales constamment surveillé par les médias. Des fois, Aten se demandait ce que c'était d'être un enfant des grandes familles royales, celles qui avaient un vrai impact sur le cours des choses. Il supportait à peine de devoir se comporter correctement, qu'est ce que c'était de se comporter bien ? Comment arrivaient-ils à se plier à la politesse, à rester pile à leurs place ? Lui, il arrivait à peine à rester dans la pièce !
Malheureusement, Solaria avait invité les représentants Leoliens cette fois-ci, et le membre de la famille la plus proche était Cybel -et son fils. Cybel n'était pas une princesse dans la vie de tous les jours, mais elle donnait le change : elle était cultivée, respectable, plus grande que la moyenne, avec un visage altier et une cascade de cheveux corbeaux sur lesquels poser sa couronne, toute symbolique soit-elle. Aten n'avait pas cette chance, à l'âge ingrat où il avait poussé à toute vitesse sans avoir le temps de s'étoffer. Gauche, déginguandé, les cheveux dressé en épis bruns sur la tête, il détonnait dans toutes les photos d'enfants royaux.
Il n'aurait pas pu dire ce que Solaria fêtait : le bicentennaire d'un accord de paix que personne ne respectait ? le lancement d'une usine d'ouverture automatique des huitres ? le baptême du chinchilla de la Reine-Mère ? Aucune idée. Tout le monde était sur son trente-et-un ; costumes, robes et bijoux des différentes couronnes du monde magique. Au centre de la salle de bal, une grande fontaine sur laquelle flottait des nénuphars bariolés. Tout le long des murs, on avait aligné des tables qui croûlaient sous les pâtisseries délicates et les apéritifs. L'air était saturé par les parfums des invités et des nénuphars sur la fontaine. La salle vibrait avec toutes les conversations importantes et distinguée. Tout était saturé ; les yeux, les oreilles, le nez.
Sous la grande coupole, un soleil magique, symbole de Solaria, éclairait comme en plein jour. Aten lui trouvait un côté inquiétant, un soleil comme ça n'était pas naturel quand, par les fenêtres, on pouvait voir la nuit noire. Ca le dérangeait de voir un ordre aussi élementaire que le jour et la nuit derangé.
Après avoir echappé aux regards réprobateurs d'avance de la délégation Léolienne et chippé une coupe d'alcool, il avait jeté un large regard circulaire autour de lui ; bon, que faire maintenant ?
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Lun 5 Avr - 2:19
