It's okay to disappear until you find yourself again.
Vendredi 2 Avril 2021
Mon cher Joar,
Je ne pourrais jamais te remettre cette lettre, et pourtant je l'écris dans ce cahier sur lequel je t'en ai écrit des centaines. Mais aujourd'hui, je veux revenir sur nos vies, celle dont tu as été privée, et la mienne qui a continuée sans toi à mes côtés, sans toi ma moitié,
mon Jumeau.
Nous sommes nés une fois minuit passé, le 1er Janvier 2004, enfin tu es le premier a être venu au monde parce que notre maman n'était pas au courant de mon existence. Elle se réjouissait seulement de son fils a venir, son beau garçon qui sera digne des habitants d'Erakylon. Et c'est treize minutes plus tard que je suis venue au monde, et elle n'a pas forcément vu cela d'un bon oeil, pourtant regarde donc la signification de nos prénoms.
Joar,
l'homme sombre.
Freya,
celle qui porte la bonne étoile. Ce qu'il faudra retenir, c'est que nous ne connaissons pas notre géniteur comme elle aimait l'appeler, un homme inconnu au bataillon. Je n'en ai que faire personnellement, parce que l'homme de ma vie, c'est toi mon frère. Nous avons grandit dans ce Royaume où la cruauté fait rage n'est-ce pas ? Mais diable que j'aime ce paysage enneigé. Nous les opposés, maman et toi étiez de véritables battants, baignés dans l'obscurissime, et je suis aux antipodes de tout cela.
"Tu es ma douceur, mon secret, ma lumière." Que tu ne cessais de dire, moi l'enfant gardée sous silence.
Parce que oui, tu es sa fierté et tu as pu vivre une vie que moi-même je n'ai jamais eu, l'enfant cachée, l'enfant délaissée. Tu allais à l'école, pendant que moi je devais déambuler dans les rues. Je n'existais pas, aux yeux de personne. Et j'aimais tellement t'écouter toute la nuit durant me raconter tes journées, tes aventures, tout. J'ai appris a vivre à travers toi,
Joar. Alors ce trente et un janvier deux mille seize, quand maman est rentrée seule, en pleure... Mon monde a arrêté de fonctionner. Tu avais onze ans et trente jours. Elle ne m'a jamais donné les circonstances de ta mort, je n'ai jamais pu te dire adieu, privée de tes funérailles. Et je suis devenue fautive, Joar. Encore aujourd'hui, mes nuits sont remplies de cauchemars, mes nuits sont hantées des cris de désespoir de notre maman, des larmes autant les siennes que les miennes. Et lorsque Morphée m'accorde ses bras, mon frère, tu n'y est pas, seul s'y trouvent les coups de notre maman me hurlant "
Tu es fautive, il a payé de sa vie ta venue au monde". Et encore aujourd'hui je me sens responsable, je culpabilise, alors que j'étais ton rayon de soleil... Mais je ne perds pas de vue cette douceur que tu affectionnais tant, je te le promets, je la fait perdurer pour
toi.
Mais si il n'y avait que cela. Il y a un mois de cela, maman dans un accès de colère c'est encore mise a hurler, et sous l'effet de surprise, sous la peur... Sans que je ne touche rien, une des chaises autour de la table a volée à travers la pièce. Il n'y a que ce jour-là que j'ai appris, pour notre
géniteur. Nous n'étions pas destinés à être de simples humains,
Joar. Et les mots de maman seront plus éloquents que les miens. "
Tu es une abomination, tout comme votre géniteur l'était !" Et je suis terrifiée. Terrifiée parce que je suis envoyée dans une école,
Alfea, et là-bas ils vont m'apprendre absolument tout. Mais en réalité, je n'espère qu'une seule chose, c'est de te revoir un jour. Je souhaite au plus profond de mon être, de mon âme, que ta disparition n'est pas la faute de la mort.
Joar, je me sens si seule, je suis si effrayée, et tu n'es pas à mes côtés pour calmer mes angoisses, pour me dire "
Tout ira bien, Freya. Je suis là." Mais je me suis faite une promesse, une seule : de tout faire pour que tu sois fier de moi.
Tu es ma bonne étoile, Joar.
Ta petite soeur jumelle,
Freya.